Les patients utilisent le numérique pour gérer leur maladie au quotidien sans conseil du médecin
Comme il est en accès limité, je vous le livre tel quel.
Les
applications mobiles s'implantent de plus en plus dans le monde de la
santé. Les patients utilisent ces outils pour gérer leur maladie au
quotidien. Les associations de patients s'investissent d'ailleurs pour
en proposer ou en labelliser certaines et conseiller les usagers. Du
côté des professionnels de santé, c'est plus problématique.
Le
développement du numérique dans le monde de la santé amène aussi les
patients à changer leur relation vis-à-vis de la maladie mais aussi des
professionnels de santé. Les associations de patients en ont témoigné ce
26 janvier à Paris lors de la journée organisée par CCM Benchmark sur
la e-santé. Ces dernières ont d'ailleurs pris à bras le corps, et depuis
quelques années, cette problématique en investissant les réseaux
sociaux. Ainsi, si elle existe depuis des dizaines d'années, la
Fédération française des diabétiques a opéré sa métamorphose en se
créant notamment une page Facebook, poussée par la question primordiale :
comment rester un acteur de santé dans ce nouveau paysage ? Pour son
secrétaire général, Gérard Raymond, la communication avec les patients
s'en est améliorée et a permis de constater qu'ils étaient demandeurs
pour donner leur avis et s'investir dans des projets numériques. Dans ce
cadre, l'association a d'ailleurs créé un diabète lab pour récolter les
propositions de création d'outils pouvant aider les diabétiques à gérer
leur maladie au quotidien, les évaluer ou encore leur donner un label.
Car, comme l'a rappelé Gérard Raymond, plus de 1 200 applications sur le
diabète existent à ce jour.
Renaloo,
de son côté, a également investi les outils sociaux pour améliorer la
vie des personnes souffrant de maladies rénales. En 2014, l'association a
par exemple organisé les états généraux du rein qui ont permis de
récolter, en mobilisant les usagers, des propositions que le ministère
des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes a depuis
reprises. La fondatrice de Renaloo, Yvanie Caillé, cite pour appuyer son
propos l'expérimentation sur le financement des parcours patients, qui
va être conduite dans six ARS. Son objectif, a-t-elle indiqué, est de
voir comment il est possible de sortir de la T2A pour tendre vers
d'autres modalités de financement pour la prise en charge des maladies
chroniques. Cette proposition a notamment émergé de ces états généraux.
Et d'insister sur le fait que le numérique remettait justement en cause
l'équilibre de la présence des patients dans le système de santé. Mais
aussi dans la relation patient-médecin.
La prudence recommandée pour les professionnels de santé
Certains
professionnels de santé vont ainsi être preneurs de leur expérience
quotidienne de la maladie, qui peut passer par des applications mobiles
ou des objets connectés. Pour d'autres, ajoute Yvanie Caillé, cela remet
en cause leur culture médicale. Et ce d'autant plus que le médecin peut
être "méfiant", "pas à l'aise", au regard du nombre d'applications et
d'objets connectés dont il ne sait où vont les données et si elles sont
fiables, a expliqué le Dr Vincent Perez, médecin généraliste. Pourtant,
la question se pose de plus en plus régulièrement dans la pratique
médicale de tous les jours et les médecins sont bien souvent démunis
pour répondre aux questions des patients touchant à l'utilisation des
applications de santé. Aucun label délivré par les pouvoirs publics
n'existe à ce jour, ont précisé les intervenants à la table ronde
consacrée à ce sujet. Et bien souvent, a ajouté Vincent Perez, les
patients finissent par "faire sans le médecin".
Une
brèche semble exister à ce niveau. Maître Pierre Desmarais, avocat,
recommande d'ailleurs aux professionnels de santé la prudence. Il a
rappelé qu'ils n'ont actuellement pas la capacité juridique pour
prescrire une application santé. Il a cité en exemple un arrêt récent de
la Cour de cassation, qui a permis d'écarter la responsabilité d'un
médecin ayant recommandé une montre connectée car il s'était appuyé sur
le marquage CE apposé par l'industriel. "Le médecin qui invite à leur
utilisation engage sa responsabilité civile et déontologique pour avoir
exposé un patient à un dispositif insuffisamment éprouvé", a-t-il
insisté. Vincent Perez a rappelé que la relation médecin-patient
implique le dialogue et le conseil : tout cela doit se faire dans une
sphère de confiance dans laquelle il faut désormais faire entrer les
dispositifs numériques.
Une réglementation européenne de la donnée
La
question de la définition de la donnée de santé a été soulevée lors de
la journée. À ce jour, comme l'a indiqué Délia Rahal-Lofskog, chef du
service santé à la Commission nationale de l'informatique et des
libertés (Cnil), il n'y a pas dans la loi Informatique et liberté de
définition pour encadrer ce qu'est la donnée de santé. Un règlement
européen de protection des données à caractère personnel, qui devrait
être adopté au printemps prochain, apporte une définition. Celle-ci est
volontairement "large", a-t-elle détaillé. Ainsi, dès lors que la donnée
a une relation avec la santé, elle s'inscrit dans le cadre de la donnée
de santé. Pour autant, le règlement apporte aussi des exceptions aux
interdictions encadrant ces données concernant leur utilisation. Le
règlement permettra d'implémenter dans tous les pays européens un seul
et même cadre, a-t-elle souligné. Car contrairement aux directives
européennes, il n'y a pas de transposition possible, le règlement
s'appliquant tel quel.
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