"Tout le monde vit des difficultés. Certaines personnes sont seulement meilleures pour le cacher que les autres*. »
*edit au 12/06/2015 suite à une erreur d'interprétation
Ci dessous un article du JIM que je cite in extenso pour ceux qui ne sont pas inscrits à ce journal de médecine (sinon l'inscription est gratuite). En rouge, le passage que je pense être majeur dans l'article.
En gros: un grand professeur s'interroge sur le fait que les douleurs chroniques ou persistantes soient intégrées au DSM.
Le Professeur Joel Katz (exerçant à l’Université York de
Toronto, au Canada) consacre un article au problème de la douleur
chronique ou persistante qui ne paraît pas avoir de justification
d’ordre adaptatif, contrairement à la douleur aiguë dont la
finalité semble à l’évidence de prévenir le sujet d’une menace
immédiate (brûlure, blessure, fracture…) ou d’une situation
perturbée (maladie).
Cette présentation est faite dans la perspective du DSM-5 qui
reconnaît ce problème sous le nom de « trouble somatoforme
» ou « trouble à symptomatologie somatique » (Somatic
Symptom Disorder, SSD). Cette affection est caractérisée par
des symptômes d’ordre somatique (douleur, gêne fonctionnelle…) très
pénibles, voire invalidants, une fixation psychique sur ce sujet («
pensées excessives et disproportionnées, sentiments et
comportements à l’égard de ces symptômes »), et une
persistance de ces troubles pendant « au moins six mois. »
On admet que cette douleur chronique « ne répond pas aux
traitements » antalgiques classiques et se prolonge au-delà
des délais habituels de guérison d’une maladie susceptible de
l’avoir suscitée. C’est une douleur « sans origine anatomique
ou neurophysiologique apparente » que d’autres psychiatres
(avant l’ère du DSM triomphant !) auraient pu étiqueter «
hystériforme » ou « psychopathologique. »
On doit toutefois émettre une réserve sur la certitude absolue
que ce type de douleur n’aurait aucun substrat physiologique. D’une
part, même en récusant les conceptions psychanalytiques sur la
somatisation analogue à un « langage du corps » (ou/et de
l’inconscient), il est difficile d’imaginer un effet sans cause
génératrice. D’autre part, on estime désormais que « de
nombreuses douleurs médicalement inexpliquées impliquent une
interaction entre les mécanismes neurophysiologiques périphériques
et centraux devenus déficients. » En somme, cette douleur
chronique aurait aussi une valeur d’alerte, bien que moins patente
que dans le cas des douleurs aiguës.
Paradoxalement, alors que le DSM-5 se détache ici du discours
analytique de manière abyssale, le Pr. Katz lui reproche toutefois
de « surpsychologiser » (overpsychologize) les patients se
plaignant de telles douleurs au longs cours. De plus, « la
sensibilité et la spécificité » du DSM-5 lui paraissent «
faibles » à ce propos, d’où le risque de « diagnostic
erroné et de stigmates nuisibles. » Cette question est
d’autant plus importante que la douleur est sans doute l’une des
choses les mieux partagées chez les humains, comme le suggère
l’acteur et chanteur américain Will Smith : « Ne sous-estime
jamais la douleur d’une personne. Tout le monde vit des
difficultés. Certaines personnes sont seulement meilleures pour le
cacher que les autres. »
Dr Alain Cohen
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